Mon oncle maternel est décédé sans être marié et sans avoir accompli le pèlerinage obligatoire. Tout ce qu’il possédait était un appartement en pleine propriété, d’une valeur approximative de 750 000 livres. Il envisageait de le vendre afin d’acheter un appartement plus petit et de consacrer le reste de l’argent au pèlerinage, car il ne possédait absolument aucune liquidité et ne travaillait que rarement. L’argent qu’il avait ne lui suffisait que pour la nourriture et la boisson.
Il est décédé durant la pandémie du coronavirus, en 2021. À cette époque, il a eu besoin de soins hospitaliers qui ont coûté 130 000 livres, somme réglée par son frère aîné, lequel s’est ensuite remboursé de ce montant sur sa part d’héritage. Le reste du prix de l’appartement a été partagé entre les héritiers, parmi lesquels se trouvait ma mère. Les héritiers sont : deux frères et trois sœurs germains.
Ma mère souhaite accomplir le pèlerinage pour son frère à ses propres frais, car elle pense que cette obligation ne s’est pas éteinte pour lui. Mais je lui ai dit : « Le pèlerinage n’est prescrit qu’à celui qui en a les moyens », et mon oncle n’était pas financièrement en mesure de l’accomplir. Certes, il avait l’intention de vendre son appartement, d’en acheter un plus petit et d’accomplir le pèlerinage, mais il n’a pas concrétisé cela avant de mourir.
Le pèlerinage était-il obligatoire pour lui ou non ? Je ne suis pas d’accord que ma mère paie de son argent les frais du pèlerinage en son nom, car nous estimons que nous sommes prioritaires sur cet argent. Ses autres frères affirment aussi qu’il n’était pas en mesure de l’accomplir et qu’aucun pèlerinage ne lui incombait. Quelle est la fatwa correcte à ce sujet ? Merci à vous.
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
L’une des conditions de l’obligation du pèlerinage est la capacité, conformément à la parole d’Allah, le Très-Haut :
« Et c’est un devoir envers Allah, pour les gens qui en ont les moyens, d’aller accomplir le pèlerinage de la Maison » (Coran 3/97).
Le Prophète () a expliqué que la capacité signifie la provision et la monture. Ibn ‘Umar rapporte qu’un homme vint demander : « Ô Messager d’Allah, qu’est-ce qui rend le pèlerinage obligatoire ? » Il répondit : « La provision et la monture. » (Rapporté par at-Tirmidhî, Ibn Mâjah et d’autres).
Par « provision », on entend ce dont le pèlerin a besoin pour l’aller et le retour : nourriture, boisson, vêtements ; à condition que cela soit en surplus de ce qu’il doit à ceux dont il a la charge.
Si l’appartement de votre oncle dépassait ses besoins – puisqu’il n’avait ni épouse ni enfants, et qu’un logement plus petit aurait suffi – et qu’il pouvait financer son pèlerinage avec la différence entre la vente de son grand appartement et l’achat d’un plus petit, il lui incombait alors de vendre son bien pour accomplir le pèlerinage.
De plus, il a été établi dans nos précédentes fatwas que celui qui décède alors que le pèlerinage lui était obligatoire et qu’il ne l’a pas accompli, ses héritiers doivent prélever sur son patrimoine les frais du pèlerinage en son nom – qu’il ait manqué à ce devoir par négligence ou non, qu’il ait laissé un testament ou non. Cela s’appuie sur le hadith rapporté par Ibn ‘Abbâs (qu’Allah soit satisfait de lui et de son père) :
Une femme de la tribu de Juhayna vint trouver le Prophète () et lui dit : « Ma mère avait fait vœu d’accomplir le pèlerinage, mais elle est morte avant de l’avoir accompli. Dois-je le faire pour elle ? » Il répondit : « Oui, accomplis le pèlerinage pour elle. Vois-tu, si ta mère avait une dette, ne l’aurais-tu pas réglée ? La dette envers Allah est plus digne d’être acquittée. » (Rapporté par al-Boukhari).
Un autre hadith, rapporté par an-Nasâ’î d’après Ibn ‘Abbâs, mentionne également qu’une femme demanda au Prophète () au sujet de son père décédé sans avoir accompli le pèlerinage, et il lui répondit : « Accomplis le pèlerinage pour ton père. »
Ainsi, de même que les héritiers ont réglé la dette de leur frère avant de procéder au partage de l’héritage, ils devaient aussi prélever les frais du pèlerinage sur sa succession avant toute répartition, car la dette envers Allah est prioritaire.
Il leur incombe donc maintenant de restituer ce qu’ils ont partagé entre eux après déduction des dettes, puis de mandater quelqu’un pour accomplir le pèlerinage à la place de leur défunt, avec les biens qu’il a laissés – même si les frais du pèlerinage consommaient la totalité de l’héritage.
Et Allah sait mieux.
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